La fonte des pôles modifie le cours du temps

Une étude, récemment publiée dans la revue Nature, arrive à la conclusion que les changements climatiques influencent la vitesse de rotation de la Terre. Cette découverte pourrait avoir un impact majeur sur notre façon de mesurer le temps.

La Terre met 24 heures et des poussières à effectuer une rotation sur elle-même. Il faut donc sporadiquement remettre les pendules à l’heure afin de tenir compte du fait que la rotation de la Terre ne prend pas exactement 24 heures à se faire. Les horloges atomiques sont les plus précises que nous avons. Ce type d’horloge a vu le jour en 1967. Sa stabilité permet aux ordinateurs du monde entier de fonctionner sur la même base de temps. Cette coordination permet, entre autres, aux satellites de naviguer avec une grande précision. L’horloge atomique calcule l’heure en fonction de la vitesse de rotation de la Terre, mais celle-ci varie constamment.

En 1972, pour la première fois, on a décidé d’ajouter une seconde à l’heure atomique afin de la synchroniser avec la rotation de notre planète. Ce procédé s’inspire du principe de l’année bissextile. Puisque la Terre met 365 jours et quart à faire une rotation autour du Soleil, on ajoute au calendrier une journée tous les 4 ans. Dans le cas de la seconde intercalaire, l’ajout de celle-ci ne se fait pas toujours au même moment, car la vitesse de rotation de la Terre n’est pas toujours identique. La dernière fois qu’on en a rajouté une, c’était en 2016.

La rotation de la planète a tendance à accélérer en ce moment. Cette nouvelle étude démontre qu’elle va maintenant ralentir à cause des changements climatiques. La vitesse de rotation est guidée par plusieurs mécanismes terrestres. Le noyau de la Terre est liquide, car il est composé de fer en fusion. La rotation de ce noyau influence la rotation de la planète. Plus il tourne vite, plus la planète tourne lentement. Cependant, celui-ci tourne lentement en ce moment, ce qui a pour effet d’accélérer la rotation de la Terre. Le cycle de rotation du noyau terrestre est d’environ 70 ans.

Les marées, qui sont le résultat de l'interaction entre les océans et la Lune, ont plutôt tendance à ralentir la rotation de notre planète. Il est important de souligner que l’influence du noyau surpasse largement celle des marées. Ainsi, la rotation de la Terre a tendance à accélérer jusqu’au prochain cycle.

Parce que la Terre tourne, elle n’a pas la forme d’une sphère parfaite. La rotation lui donne une forme un peu aplatie aux pôles et plus large à l’équateur. Lorsque les pôles fondent, l’eau qui s’ajoute aux océans a tendance à migrer vers l’équateur à cause de cette rotation. La circonférence au niveau de l’équateur augmente donc de plus en plus avec ce nouvel apport en eau. Ceci a pour effet de ralentir la vitesse de rotation de la Terre. Lorsqu’un patineur tourne sur lui-même, il colle ses bras contre son corps lorsqu’il veut tourner plus vite et les éloigne de celui-ci pour ralentir sa vitesse de rotation. C’est le même principe pour la Terre. Puisqu’elle est maintenant plus large à l’équateur, sa vitesse de rotation diminue.

Ceci pose un problème de taille, car la prochaine seconde intercalaire pourrait être négative. C'est-à-dire qu’au lieu d'en rajouter une on en soustrairait une. On aurait alors la première seconde intercalaire négative. Un peu comme le bogue de l’an 2000, plusieurs craignent l’impact de ce changement, car tous les systèmes informatiques sont programmés pour tenir compte d’une seconde intercalaire positive.